mercredi 3 octobre 2012

30 kilos en moins



Parce que je me suis toujours trouvée grosse ; parce qu'on m'a toujours dit que je l'étais avec des sobriquets peu flatteurs ; parce que je voulais pouvoir mettre des vêtements de taille dite standard ; parce que mon tour de taille, mon tour de cuisse et mon IMC indique que j'ai des risques de maladie cardio-vasculaires plus important que la moyenne ; parce que ça fait mal physiquement de transporter tout ce poids ; qu'on souffre de ne pouvoir être endurant, d'être essoufflé dans les escaliers, de ne pas avoir de force, de prendre de la place ; parce que la moindre remarque sur ton poids, même petite, te rend susceptible ; parce que tu as envie de plaire et de correspondre à un modèle donné ; parce qu'on te dit que c'est ta faute, il fallait pas manger autant ; parce que ...

Ce n'est pas facile d'être grosse, ça l'est encore moins quand on ne se rend pas compte qu'on grossit encore et encore. On ne trouve pas les "beaux" vêtements dans notre taille, car la société considère qu'au-delà du 44, tu n'as pas le droit d'aimer t'habiller avec autre chose qu'un sac à patates. Et quand tu as le droit, ça coûte souvent plus cher.
Quand tu montres tes formes avec des vêtements moulants, on te fait des remarques, comme quoi ça ne te va pas, qu'il faut savoir cacher, masquer, que quand on est grosse, on ne montre pas. 
Quand tu caches tes formes sous des vêtements amples, on te fait des remarques aussi, tu ne suis pas la mode, c'est moche, on voit rien, ça n'a aucune féminité, aucun sex appeal. On va même jusqu'à te dire : qui voudrait b***** quelqu'un comme toi (véridique). 
Puis viennent les problèmes physiques. Tu as mal aux genoux ou aux chevilles, car le poids est constamment dessus, tu ne tiens pas longtemps debout. Le médecin veut te faire peur car tu risques des problèmes plus graves encore et il te conseille de faire quelque chose. 
Et il y a aussi les gens qui ne comprennent pas. Pourquoi tu te laisse aller comme ça, pourquoi tu manges autant, qu'est-ce qui fait que l'image que tu vois de toi dans le miroir ne te fait pas arrêter de "t'empiffrer", de mal manger. Pourquoi il n'y a pas de déclic, pourquoi tu n'essaies pas de bouger. 

A ces gens, parfois  j'aimerai leur répondre, qu'est-ce que vous en savez ? 
J'ai essayé, des dizaines de fois. Depuis toute petite j'ai eu ce regard sur moi, celui des autres, mais aussi le mien. S'en est suivi des problèmes relationnels, pas d'ami(e)s, parce qu'elle est mal habillée, parce qu'elle n'est pas à la mode, parce qu'elle est grosse. Et depuis toute petite, j'ai tenté les régimes, le sport jusqu'à épuisement. Et tu perds un ou deux kilos, mais pas plus, et ça change pas grand chose, alors tu arrêtes. 
Il a fallu attendre la fac et mon Nhomme pour que se fasse ce déclic en moi. presque une vingtaine d'années. La fac, période de stress intense, qui développe un stress permanent sous-jacent qui t'épuise totalement. Stress traité avec des médocs qui te font gonfler. Et l'amour, moment privilégié où tu veux être au meilleur de toi-même pour l'autre. Nhomme m'a accepté comme je suis, il n'a jamais rien demandé. Et je n'ai pas compris pourquoi. On en entend pourtant des hommes dirent, "si tu perdais quelques kilos ce serait pas mal ", mais il n'a rien dit. 
Alors, il y a presque deux ans, j'ai dit stop, on change tout. J'ai arrêté les médocs et suis passé au sport pour évacuer le stress. J'ai arrêté le gras, le sucre et le sel, et j'ai cuisiné sain. J'ai arrêté de me prendre la tête et je me suis regardé dans le miroir pour voir qui j'étais vraiment. J'ai arrêté de compter les calories, j'ai arrêté de me mortifier parce que j'avais mangé du chocolat, j'ai arrêté de m'en vouloir d'avoir des envies gastronomiques. Et j'ai voulu essayer d'être la fille d'une taille standard. 

En résulte ceci, 30 kilos de perdus, 3 à 4 tailles en moins, des cm de tour de ... en moins. Est-ce que je suis contente ? oui plutôt. Est-ce que je me suis affamée pour ça ? NON. Est-ce que j'ai une taille standard ? Non toujours pas. Est-ce que je me sens mieux dans ma peau ? Sans aucun doute. Est-ce qu'il y a des jours sans devant le miroir ? Oui comme toutes les nanas. Est-ce que ça empêche les autres de te montrer du doigt ? Non pas du tout. 

J'ai perdu du poids, je me sens bien, je ne suis plus essoufflée, je n'ai plus mal aux genoux, j'ose porter ce que je veux (cf. aujourd'hui je porte un jegging orange flashy qui ne passe pas du tout inaperçu). Car au final, ce qu'il faut c'est oser, s'autoriser à faire comme les autres. Ça a pris un peu de temps d'arriver à cette hygiène de vie plus saine, des discussions avec l'entourage, des habitudes à prendre, mais il faut le temps qu'il faut. Il y a encore des kilos à perdre pour correspondre au modèle type avec ma petite taille, une petite quinzaine. Est-ce que ça urge ? d'après l'IMC, je suis passé d'obésité 2 à embonpoint, et d'après lui c'est toujours dangereux pour ma santé. Ce n'est pas pour autant que je vais me presser. Se rendre malade n'est pas la solution pour aller "mieux". 

Est-ce que ça empêche les cons de parler de toi ? Absolument pas. Je pesais 68 kilos quand on m'a "demandé" qui voudrait me b*****, n'est-ce pas un peu exagéré ? Qu'aurait-il dit s'il m'avait vu il y a deux ans, 30 kilos de plus sur mon séant ?  Nouveau déclic, je ferai 45 kilos, malgré tous mes efforts, il y aurait toujours un con pour me dire que je suis moche (pour rester polie).
Je fabrique ce que je porte, je crée ma propre mode, je fais plaisir à mes envies, et c'est bien mieux ainsi.

Est-ce que je veux toujours être la fille d'une taille standard ? Je ne sais pas ... C'est quoi la taille standard ?

2 commentaires:

  1. C'est une jolie évolution personnelle :)
    Je n'ai jamais été en obésité, mais par contre mon poids et mon corps ont toujours été un problème. Le plus dur je pense, c'est qu'à force de (se) scruter, détailler, questionner, charcuter mentalement son corps, essayer d'évaluer, on ne sait même plus où on se trouve, où on en est, à quoi on ressemble, les contours du corps en deviennent flou et difficiles à appréhender... En tout cas c'est comme ça que je l'ai vécu (au passé parce que de moins en moins mais tout de même, ça arrive encore), l'impression d'être du "flubber" à géométrie variable, ne plus savoir à quoi je ressemble au juste, parce que dans ma tête c'est le bordel. C'est autant de temps passé à ne pas soigner ce seul corps qu'on a...
    Bon, je pourrais écrire une tartine mais je m'arrête là (à peine une biscotte. Bon je sors, je commence à faire des jeux de mots débiles...)

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    1. Nan pourquoi tu sors ? ça m'a fait rire ! *sort aussi* ...
      Ben, je ne m'étais jamais considérée comme obèse, pour moi qqn d'obèse pèse plus de 100 kilos, qui porte du 60, ce que je n'ai jamais fait. Tout au plus je me trouvais ronde, boulotte, "enveloppée" comme dirait l'autre (y'avait pas mal de déni). C'est l'IMC qui me l'a révélé, et j'ai trouvé ça fou sur le coup. Il n'empêche à trop se poser de questions, ça devient le bordel comme tu dis et c'est, je pense, ce qu'il y a de pire qui puisse arriver à ton corps. Bref, tout ce que tu dis est vrai, et je m'y reconnais totalement ! :)

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